Ashtanga, vinyasa… d’où viennent ces termes et que signifient-ils ?

Pour répondre à cette question, il convient de faire un peu d'histoire et de redonner toute la place qu'il mérite à Krichnamacharya, qui est peu connu en Occident alors qu'il est, osons le dire, le père du yoga contemporain et le formateur de certains pratiquants et enseignants de renom comme Pathabi Joïs, Indra Devi ou encore B.K.S. Iyengar. 

Qui était Krichnamacharya, d’abord ? Un grand yogi, qui, après avoir étudié pendant 8 ans en Himalaya auprès de son maître, est devenu le médecin particulier du Maharaja de Mysore - il était alors fréquent que les yogis accomplis connaissent également la médecine ayurvédique, intimement liée à la connaissance subtile du corps que le yoga a vocation à développer. 

A la demande du Maharaja, Krichnamacharya a conçu un yoga tonique, qui avait vocation à former les jeunes hommes de l'élite des guerriers. Ce yoga était particulièrement physique car sa vocation était de former des hommes en parfaite condition , c'est dans ce cadre que sont apparues les postures aujourd'hui connues comme les guerriers, par exemple. 

Le yoga théorisé par Krichnamacharya était appelé vinyasa par ce dernier : en sanskrit, vinyasa signifie “progression” : chaque séance était en effet construite autour d’une posture clé, elle aussi appelée vinyasa, qui était introduite après un enchaînement de postures ayant préparé le corps - et le mental - à tenir la posture. Puis, une fois la posture principale tenue, en général plus longtemps que les postures préalables, cette dernière est compensée avant que le pratiquant ne s’installe en assise.

Autrement dit, il n’est pas question de commencer la séance par une posture exigeante, mais plutôt de l’amener en douceur, à travers un déroulé harmonieux qui permet d’expérimenter le vinyasa dans un mélange d’aisance et de fermeté (Yoga Sutras, II, 46 : “sthirasukham aasanam” ).

Quand Pathabi Joïs introduit le yoga aux Etats-Unis, il utilisa le vocable de ashtanga yoga pour décrire son yoga, dans la mesure où l'enseignement de Krichnamacharya s'inscrivait dans la lignée du yoga en 8 membres de Patañjali (en sanskrit, ashta signifie “huit” et anga signifie “membre”).

C'est ce yoga qui s'est ensuite popularisé aux Etats-Unis puis dans le monde, véhiculant la notion d'ashtanga, qui s'est ensuite attachée à ce yoga très tonique, qui n'est que l'une des facettes du yoga postural et qui ne saurait le représenter à elle seule. 

A ce titre, il est intéressant de constater qu'à la fin de sa longue vie (101 ans !), Krichnamacharya n'enseignait plus du tout d'enchainements aussi toniques que l'ashtanga contemporain, mais insistait davantage sur la lenteur du souffle, l'harmonie entre le geste et la respiration, ainsi que sur la visée principale du yoga : l'assise, la méditation. 

Nous présenterons dans un prochain billet les caractéristiques principales de ce yoga de Krichnamacharya, parfois appelé yoga de Madras, et l'on verra à quel point il est différent de l'ashtanga actuel, encore une illustration de la diversité du yoga. 

En attendant, si vous souhaitez en savoir davantage sur Krichnamacharya, ou l'ashtanga yoga et mieux comprendre les origines du yoga contemporain, vous pouvez visionner l'excellent documentaire "Le souffle des dieux", réalisé par Jan Schmidt-Garre, et disponible ici

Bon film !

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Qu'est-ce que le yoga ?